Dedans les bois, ce soir, à fouler et tâtonner du bout du pied pour voir si j'en aperçois la tête d'un. Je me demande pourquoi c'est si essentiel, de chercher les champignons.
Pourquoi c'est dans les encoignures de mon cerveau, et que ça fait des pshitt lumineux dès que j'aperçois un angle de forêt?
Pourquoi c'est un fantasme et que du coup je ne prends même pas la peine de faire les kilomètres nécessaires pour me donner les chances d'en trouver.
Pourquoi je me contente de ce qui pourrait être, pourquoi je me contente de juste parfois l'odeur qui pourrait être celle.
Juste dans les bois, avec l'espèce de chambre que ça fait sous les voiles des arbres, à couvert. Traverser , couper , rompre avec le chemin, pour mieux s'emberlificoter entre les branches tombées, les souches auprès desquelles on s'agenouille presque, les tas et les tas de feuilles de l'année dernière, et le chien qui s'éparpille.
Je sais, ça y est, j'ai vu,
On est dans un chemin creux en Bretagne , et sur la haute bordure, tout à coup je le vois, un cèpe, une tête ronde sombre et luisante, il est beau comme un nouveau-né et c'est moi qui l'ai vu la première.
Il y a mon père, il y a ma mère, et sans doute deux ou trois de mes frères.
La cueillette des champignons..Les trompettes de la mort dans les bois près de la Noé-Luce, les girolles dans les allées d'herbe au milieu de la forêt de Paimpont, et le Bager quand on habitait Pau, les immenses pentes roussies sous les chataigners, qui donnaient envie de faire du toboggan sur les fesses.
Un truc qu'on faisait en famille... Le truc.. C'est con... c'est ça qui est resté, dans une petite planque dans un coin de chez moi.
Les champignons, c'est la main de papa, les "houhouuu " de maman qui se perdait tout le temps, les trop de vêtements parcequ'il risque de faire frais, et qui finissent tous attachés par les manches, autour de la taille, et on se sent à la fois tout encombré et tout libre .
L'illusion de ...
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